Etats-Unis contre reste du monde

Jeudi 5 juillet 2018

En ce milieu d'année et jour de « l'Independence Day », les embardées répétées des Etats-Unis face à leurs principaux partenaires commerciaux riment avec fébrilité sur les marchés financiers.

L'escalade des mesures sur les droits de douane pour tenter de réduire leur déficit commercial dicte le quotidien des mouvements de marchés depuis maintenant plusieurs mois et rend à court terme l'exercice d'allocation d'actifs bien délicat…

Si l'on peut y voir une démarche très politique à l'approche des élections de mi-mandat à l'automne, le fait est que ce déficit atteint 3% du PIB américain. Comme l'observe Chahine Capital dans sa lettre d'analyse stratégique, la raison principale de ce déficit est à attribuer à l'évolution du dollar qui s'est fortement apprécié depuis la crise financière de 2008, passant de 1,50 contre euro à environ 1,16 maintenant, après avoir approché la parité.

Ce handicap combiné à un différentiel d'inflation en leur défaveur a entrainé une perte de compétitivité des Etats-Unis face au reste du monde.

Au-delà des revendications de Donald Trump, clamant « l'injustice », l'enjeu principal concerne surtout la sauvegarde de la suprématie américaine sur les hautes technologies, face à une Chine qui cherche à s'en affranchir à marche forcée.

L'ambitieux programme industriel « Made in China 2025 » qui doit permettre à la Chine de réduire sensiblement sa dépendance à la technologie étrangère, ne plait pas du tout aux Etats-Unis qui voient là leur suprématie économique et militaire menacée.

Alors que le vendredi 6 juillet, la première tranche des mesures protectionnistes envers la Chine entre en vigueur, les craintes de voir la Chine se lancer dans une guerre des changes s'amplifient. La baisse du Yuan sur le mois de juin (stabilisée après une déclaration du gouverneur de la Banque Populaire de Chine assortie d'un démenti quant à l'usage de cette arme dans le conflit commercial), peut être interprétée comme un signal envers les Etats-Unis.

L'Europe hausse le ton également face aux menaces portant notamment sur son industrie automobile. La Commission européenne a ainsi adressé une missive argumentée au département du Commerce des Etats-Unis, entre autres sur le fait que les constructeurs européens contribuent de manière significative à l'emploi aux Etats-Unis.

En France, les impacts d'un éventuel scenario de véritable guerre commerciale ont été évalués par le Conseil d'analyse économique auprès du premier ministre. Ils se traduiraient par une baisse du PIB de 4% pour l'Union Européenne et d'environ 3% pour la France, les Etats-Unis et la Chine !

En s'éloignant un instant de ces perturbations politiques, les aspects économiques, combinés à la visibilité apportée par les banques centrales lors de leurs derniers comités de juin sont des éléments qui demeurent plutôt solides.

L'indice PMI composite pour la zone euro publié ce jour par IHS Markit, progresse à 54,9 points, contre 54,1 le mois précédent. Après le ralentissement d'activité économique sur les premiers mois de 2018, les indicateurs avancés laissent entrevoir un raffermissement pour le second semestre.

L'inflation, tirée par les prix de l'énergie, passe à 2% contre 1,9% en mai. L'inflation coeur reste très faible et fléchit à 1% contre 1,1% le mois précédent.

Restée très accommodante, la BCE a différé l'arrêt de son programme de rachat d'actifs de fin septembre à fin décembre, tout en annonçant qu'elle ne relèverait pas ses taux directeurs avant l'été 2019 au plus tôt.

Aux Etats-Unis, l'indicateur ISM de Chicago est très ferme à 64,1 points et l'inflation progresse en mai à 2,3% et à 2% pour le chiffre d'inflation coeur (hors énergie).

Les investissements des entreprises progressent et doivent leur permettre d'augmenter leur productivité face à un marché de quasi plein emploi.

La réserve fédérale américaine a relevé comme prévu son taux directeur d'un quart de point en juin et continue à piloter ce rythme de resserrement monétaire en fonction des chiffres de l'emploi et d'inflation salariale.

Le Japon, comme l'Europe, révise ses prévisions de PIB à la baisse, et maintient sa politique de relance monétaire.

En cette période estivale, nous arrivons maintenant sur la phase de publication des résultats des entreprises pour le second trimestre. Pour les Etats-Unis, le consensus des analystes prévoit une hausse de plus de 20%, aidée par les programmes de rachat d'actions, eux-mêmes facilités par la réforme fiscale. D'après les enquêtes auprès des entreprises, la hausse des marges est également attendue en Europe.

Cependant, dans le contexte général de montée des risques sur les échanges commerciaux, au-delà même des résultats, ce sont surtout les commentaires des dirigeants sur leurs perspectives d'activité qui seront analysés par les marchés.

Après un premier semestre qui s'est achevé par une baisse modérée mais généralisée à la plupart des classes d'actifs, les forces contraires en présence ne se prêtent pas dans l'immédiat à des orientations de gestion tranchées, mais impliquent une vigilance continue.

Achevé de rédiger le 4 juillet 2018

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