Eurêka ! (?)

Ce mois de novembre est marqué par de très forts mouvements sur les marchés financiers, déclenchés par des évènements attendus comme les élections américaines et inattendus avec les annonces successives de premiers résultats préliminaires de phase 3 sur des vaccins contre la COVID-19.

Pour les élections américaines, Donald Trump doit encore admettre sa défaite, mais une part croissante du parti républicain appelle à une transition dans le calme. Joe Biden sera élu officiellement à l'issue du vote des grands électeurs qui aura lieu mi-décembre.

Entre temps, à la demande du perdant récalcitrant et de ses soutiens, les recomptes de voix vont être faits dans plusieurs Etats. Il est fort peu probable que cela change la donne.

Au congrès, les démocrates conservent leur majorité à la chambre des représentants mais perdent quelques sièges.

Au sénat, chambre haute du congrès, sous réserve de l'issue d'un vote de second tour en Géorgie début janvier portant sur 2 sièges, les républicains gardent la main avec 50 sièges face à 48 pour les démocrates.

Pour le cas, également peu probable, où les démocrates emporteraient les 2 sièges en question, ils obtiendraient une très courte majorité avec la prise en compte de la voix de Kamala Harris, nouvelle vice-présidente élue des Etats-Unis.

Cet enjeu est crucial à l'égard de l'étendue du plan de relance budgétaire défendu par les démocrates face aux républicains, puis ultérieurement à l'égard du programme fiscal et de dépenses d'investissements (infrastructures, éducations, réductions d'émissions carbone..) de la nouvelle administration.

Joe Biden et Kamala Harris auront la délicate mission de réunir un pays aujourd'hui très divisé.

La bonne nouvelle est que la politique américaine ne sera plus menée à coup de tweets ravageurs et versatiles.

L'euphorie des marchés amorcée en matinée du lundi 9 novembre à l'annonce de la victoire de Joe Biden, a été décuplée en milieu de journée lors de la publication des premiers résultats du vaccin par Pfizer, associé à la biotech allemande BioNTech.

Les sociétés les plus décotées, liées au tourisme, à l'énergie, ainsi que les valeurs bancaires et les foncières ont fortement rebondi au détriment des valeurs technologiques, jusqu'alors favorites.

L'ampleur de ce violent rebond du segment de la cote, qualifié de « value », et très représenté dans les indices européens, a d'ailleurs battu un record de 30 ans.

Ce début de semaine est à nouveau marqué par l'annonce de résultats encourageants, par la biotech Moderna cette fois-ci, et témoigne de la surenchère dans cette course mondiale au vaccin.

Compte tenu du nombre de projets de recherche en cours et des enjeux colossaux, de telles annonces sont probablement appelées à se poursuivre au cours des prochaines semaines.

Lors d'une conférence commune tenue le 12 novembre, les banquiers centraux que sont la FED, la BCE et la BOE ont salué les espoirs nourris par l'annonce de Pfizer à l'égard des perspectives économiques à moyen terme. Cependant, pour les prochains mois, ils ont clairement exprimé leur inquiétude face aux nouvelles vagues de contaminations et la nécessité d'actions de soutiens concertées avec les gouvernements.

En Europe, les négociateurs du Parlement et du Conseil Européen sont parvenus à un accord sur le budget à long terme de l'Union. Il doit encore être approuvé à l'unanimité par chacun des Etats membres du Conseil. Cependant, la Hongrie et la Pologne sont susceptibles d'y faire obstacle. Le plan de relance budgétaire demeure donc en suspens et la pression revient à nouveau sur les épaules de la BCE qui prépare de nouvelles mesures à l'approche de son prochain comité qui aura lieu le 10 décembre prochain.

Parallèlement, la deuxième vague qui sévit en Europe affecte la confiance. L'indice du sentiment économique sur les perspectives à six mois en Allemagne (ZEW) est en fort recul sur ce mois de novembre.

Aux Etats-Unis, l'activité économique a poursuivi son redressement en octobre. L'indice ISM manufacturier est en fort rebond, de 55,4 à 59,3 points, notamment porté par les nouvelles commandes. Malgré la résurgence de l'épidémie, l'ISM des services est seulement en léger repli et les créations d'emploi (638000) restent sur un bon rythme.

En Chine, le PMI des services publiés par l'institut Caixin pour le mois d'octobre poursuit sa remontée, à 56,8 points et la confiance sur les perspectives d'activité à douze mois atteint un plus haut depuis 2012.

Les exportations progressent à nouveau sur le mois, de + 11,4%, et ce malgré une baisse des commandes industrielles émanant des pays étrangers, contraints par la résurgence de l'épidémie.

Enfin, le dernier évènement majeur est l'accord conclu le dimanche 15 novembre entre les Etats membres de l'ASEAN (Association of Southeast Asian Nations), la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle Zélande.

Abouti après huit ans de négociations, et portant sur 30% du PIB mondial, il s'agit là du plus grand accord commercial de libre-échange. Cette avancée considérable ne peut que conforter nos convictions d'investissements de long terme sur cette région du monde.

Achevé de rédiger le 17 novembre 2020