Si vous ne suivez pas les cryptomonnaies, le nom de FTX vous était peut-être étranger il y a encore une semaine. Mais depuis vendredi, il est difficile de passer à côté de cette actualité : FTX est en faillite.
Qui est FTX ? Cette société américaine implantée aux Bahamas, créée il y a seulement 3 ans (en 2019) s'est très rapidement hissée au second rang mondial des plateformes de transactions en cryptomonnaies, juste derrière Binance.C'était l'une des plateformes considérées comme les plus sûres, et son fondateur, Samuel Bankman-Fried, un trentenaire surnommé SBF, s'était construit une fortune personnelle estimée autour de 17 milliards de dollars.
Son empire était basé sur 2 piliers : « Alameda Research » son fonds d'investissement créé en 2017, et FTX sa plateforme d'échanges d'actifs numériques.
Un soupçon de conflit d'intérêt majeur entre ces 2 structures a été révélé par les medias. Le fonds était alimenté en grande partie par des « FTT » (ou « FTX Tokens ») c'est-à-dire des jetons créés par FTX et utilisables uniquement sur cette plateforme. Le fonds de SBF et SBF lui-même possèderaient presque tous les FTT en circulation (80%) ! Et au cours du printemps dernier, le fonds Alameda Research en difficulté aurait utilisé les fonds des clients de FTX pour effectuer des paiements. La Securities and Exchange Commission (la SEC, le gendarme financier américain) et le ministère de la Justice se sont saisi de l'affaire.
Binance a déclaré vouloir vendre tous ses actifs en FTT, puis a proposé un rachat pour sauver la plateforme concurrente. Mais ce projet est tombé à l'eau après un audit des comptes qui a pointé du doigt une mauvaise gestion du groupe et de ses fonds.
Cet enchainement de nouvelles négatives a créé une grave crise de liquidités et SBF a annoncé le 11 Novembre qu'il lançait la procédure volontaire de faillite de son entreprise dont il a démissionné. En effet, face à des retraits massifs, et faute de capitaux suffisants, FTX n'a pas pu traiter toutes les demandes de ses clients qui se précipitaient pour récupérer leurs actifs. Les FTT ont perdu 96% de leur valeur en un mois.
La faillite du numéro 2 mondial (avec plus de 150 filiales dans le monde) est un séisme dans l'univers des cryptomonnaies, d'une ampleur comparable à la faillite de Lehman Brothers en 2008 dans l'univers de la finance traditionnelle.Pour couronner le tout, un hacker a profité de la situation pour attaquer la plateforme dès le lendemain de l'annonce faite le vendredi. Il a ciblé les « wallets » et piraté des comptes, dérobant entre 400 et 650
Identifié « virtuellement » par la plateforme Kraken, le pirate anonyme continue d'essayer de changer son trésor de guerre en Ethereum et autres cryptomonnaies. Il fait l'objet d'une traque intensive, et certains avancent l'hypothèse que SBF lui-même se cacherait derrière ce mystérieux hacker.
L'onde de choc ébranle tout l'écosystème et déclenche une crise de confiance et des ventes de panique des investisseurs.
Le fameux Bitcoin a perdu plus de 20% sur la semaine, et le marché des cryptomonnaies a perdu 200 milliards de dollars en quelques jours.
Face à cette banqueroute éclair, la SEC mais aussi la FED et les acteurs du secteurs eux même réclament une régulation. Il serait temps ! Compte tenu des sommes en jeu, et du nombre d'escrocs attirés par l'argent facile et des gains qui se chiffrent en centaines de millions ou en milliards, il serait bien de quitter l'époque du Far West et d'apporter les couches de contrôle indispensables qui éviteront de laisser des escrocs piller les épargnants par millions.
Les arnaques sont nombreuses : intermédiaires sans scrupules qui détournent purement et simplement les fonds des investisseurs, plateformes insuffisamment sécurisées et contrôlées où les dirigeants utilisent les capitaux de leurs clients, créateurs de cryptomonnaies tout simplement fictives comme le « OneCoin » inventé par la « Crypto Queen » sans blockchain (voir le reportage édifiant sur Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/106718-000-A/crypto-queen-la-reine-de-l-arnaque/ ). Les pièges sont partout pour les épargnants non experts attirés par les cryptoactifs.
Deux bonnes nouvelles cependant selon nous, pour ceux qui n'auront pas tout perdu dans cette mésaventure. En premier lieu, cet évènement devrait accélérer le mouvement de régulation souhaitable dans ce secteur. La France est d'ailleurs en avance dans ce domaine, en encadrant notamment le statut de PSAN (prestataire de services sur actifs numériques) créé par une loi votée dès 2018 qui prévoit un certain nombre de garde-fous destinés à éviter le scenario rencontré avec FTX.
Ensuite, les cryptomonnaies qui se sont développées en opposition au système bancaire traditionnel ne semblent pas l'affecter. Au contraire, en parallèle la bourse a rebondi fortement et de façon aussi spectaculaire qu'inattendue : le Nasdaq Composite s'est envolé de 7,3% (la plus forte hausse de l'histoire après publication d'un chiffre macroéconomique). Une sorte de mini « krach inversé ».
Ceux qui croient à l'avenir des crypto-monnaies pourront profiter de la débâcle actuelle pour diversifier leurs actifs (d'autant que la décorrélation avec la bourse se confirme) en profitant d'une forte baisse des cours.
Et si vous souhaitez investir dès maintenant dans un cadre hautement régulé, n'oubliez pas qu'il existe un ETF réglementé et agréé par l'AMF (nous en parlions dans le numéro 81 de Parlons Finances) dont l'objectif est de suivre le cours du Bitcoin.Et cet ETF est disponible en tant qu'unité de compte en assurance vie et dans le cadre du PER (Plan d'Epargne Retraite). De quoi trouver un cadre réglementaire bien connu et rassurant, même si la valeur du sous-jacent peut continuer à fluctuer fortement, à la hausse comme à la baisse, mais n'est-ce pas ce que recherchent les investisseurs en cryptomonnaies.
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• tout investisseur potentiel doit se rapprocher de son prestataire ou de son conseiller pour se forger sa propre opinion sur les risques inhérents à chaque investissement indépendamment des opinions et avis communiqués par les gestionnaires, et sur leur adéquation avec sa situation patrimoniale et personnelle.